2009-02-16

- المركزية النقابية لا تعترف بالقضاء الذي يحتكم إليه كلّ التونسيين..

Les Tunisiens ont leur justice, l’UGTT a la sienne

Par Nizar Bahloul

Il y a actuellement du grabuge à l’UGTT. L’UGTT, c’est l’unique centrale syndicale en Tunisie. Quand on est un syndicat, on porte beaucoup de responsabilité et d’espoir pour les petites gens. Et quand on est unique, on a une seule alternative : être dominant et abusif ou exemplaire et juste. Au vu des statuts de cette UGTT, on semble avoir choisi la deuxième solution. Mais il y a toujours une différence entre la théorie et la pratique. C’est connu.

Les statuts en question ont été amendés en 2002. Ce qui veut dire il n’y a pas longtemps. C’était au congrès de Djerba, au lendemain du limogeage de l’ancien secrétaire général et son renvoi en prison. L’amendement en question obéit à une logique saine et démocratique : limiter l'élection des membres du Bureau Exécutif de l’UGTT à deux mandats seulement. On était parti dans une certaine euphorie. Les "camarades" étaient alors emportés par leur camaraderie et partis dans un rêve de transparence, de bonne gouvernance et d’esprit d’alternance. Un idéal d’exemplarité et de justice qu’on pensait atteindre avec ces nouveaux statuts.

Quatre ans plus tard (décembre 2006), les "camarades" du bureau exécutif ont découvert la signification du terme alternance et que le véritable esprit de camaraderie signifie qu’ils doivent partir et laisser la place à d’autres. Ils n’en veulent plus de l’amendement de 2002. Pour se justifier, l’argument est tout trouvé : on ne peut pas laisser des bleus sans expérience aux commandes de l’unique centrale syndicale en Tunisie. Pour ces camarades, il fallait donc "corriger l’erreur" et amender l’amendement.

Mais la sortie du hammam de la démocratie est plus difficile que l’entrée. D’autres camarades, ceux qui espèrent prendre la relève et voyaient leur jour venir ou bien ceux encore emportés par leur idéal d’exemplarité, refusent ce retour en arrière. Ils ne veulent pas amender l’amendement et exigent l’application stricte des statuts de 2002 et notamment de cet article 10 du règlement intérieur de l'UGTT, sur les deux mandats.

Si cet article est maintenu, neuf des membres actuels du bureau exécutif de l’UGTT n’auront plus le droit de se présenter une troisième fois aux prochaines élections prévues en 2010.

Pour ces derniers, il y a donc danger et se doivent de prendre des dispositions à l’encontre de ces insolents autres camarades idéalistes qui tiennent à appliquer strictement le règlement en vigueur. Il fallait leur mijoter quelque chose. Quoi de mieux que de les accuser de malversations financières ? Et la chasse aux sorcières commença.

Normalement, quand on parle de malversations financières, on se doit de saisir la justice. Mais à l’UGTT, on préfère convoquer une commission de discipline. En interne. C’est conforme aux statuts (tiens !) et ça permet surtout d’inculper qui on veut, comme on veut. Et ceux qu’on veut inculper, ce sont ces insolents camarades idéalistes.

La commission de discipline se réunit, observe et juge : les "insolents camarades" sont suspendus de leur fonction et leur activité syndicale est gelée. Curieusement, le trésorier, lui, reçoit seulement un avertissement! Les "insolents" légalistes ne se laissent pas intimider et saisissent la justice. La vraie, celle de tous les Tunisiens. La justice observe et décide, en référé, de donner raison… aux "insolents". La justice gèle le gel et les "insolents" sont autorisés à rejoindre leur bureau.

Mais la direction de l’exécutif décide de passer outre la décision de justice. A leur sens, la justice n’a pas à s’immiscer dans leurs affaires intérieures. A leur sens, la justice s’arrête à la porte de l’UGTT. A l’intérieur, ce sont les statuts qui font force de loi. Lesquels statuts pourraient être amendés quand on veut (ou quand on peut) dès lors qu’on s’aperçoit qu’ils ne font pas l’affaire de X ou de Y.

Notre grande interrogation, et c’est là le fond du problème, est quand la justice disculpe et que l’UGTT persiste dans son inculpation et refuse d’obtempérer. Cette situation ne peut que soulever, chez les observateurs, des suspicions (peut-être à tort) autres que celles officiellement déclarées.

Forcément, et au vu de ce qui s’y passe actuellement, ce n’est pas encore la lutte finale chantée par l’Internationale. Et on est en droit de s’interroger quel recours peuvent avoir les "damnés" de l’UGTT s’ils ne trouvent pas justice au sein de leurs instances, si leur vision s’oppose à celle de leurs chefs et si nul devoir ne s’impose aux membres du bureau exécutif.

Ainsi va l’UGTT en 2009. Elle adapte l’Internationale comme elle peut et cherche à modifier les statuts comme elle veut.

Source: www.businessnews.com

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